Categories: Opinion

La musique comme rempart contre une idéologie qui a la peau dure.

Ces deux dernières semaines auront été, pour les tenants de l’idéologie négrophobe dans le monde de l’entertainment États-unien, deux semaines de purs cauchemars. Toujours habile à distribuer des bons et des mauvais points, prompte à faire la leçon au monde entier ; mais jamais prête à s’appliquer ce qu’elle prêche, l’idéologie négrophobe se propage à une vitesse grand V tout en se montrant néanmoins incapable de se regarder en face. Entre Beyoncé qui, par sa prestation et son dernier single Formation (Dirty), montre que l’égalité est loin d’être égale pour tous ; et Kendrick Lamar qui, lors de la 58 cérémonie des Grammy Awards, arrive menotté sur scène, rappelant aux uns et autres que l’égalité, l’humanité restent des concepts vides pour certains et que la lutte doit continuer, l’enthousiasme des idéologues de la haine en a pris un sérieux plomb. Tant que le dialogue véritable, qui suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité n’est pas atteint, alors toutes les tribunes sont bonnes pour se faire entendre et comprendre. Beyoncé et Kendrick Lamar le démontrent.

©noisey.vice.com/blog/nfl-protest-beyonce-support

 

Beyoncé, le succube de ces négrophobes…

Profitant de la tribune qui lui a été offerte à la mi-temps du Superbowl, la star américaine s’est montrée idiosyncrasique ; s’éloignant du consensuel (souvent complice !?) qui plait tant aux idéologues de la haine, pour leur asséner un véritable coup de massue. Pour essayer de discréditer son acte fort et justifié, on lui oppose l’universalisme commercial. Comme si vendre aux uns et autres est incompatible avec son ou un idéal de société. Cela se saurait il y a belle lurette. L’esclavage, l’apartheid et la colonisation ne se nourrissaient-ils ou ne continuent-ils pas de se nourrir de ses victimes ?

 

 

Du moins, l’irrationnelle ire d’après coup de ces idéologues de la négrophobie, nous fait comprendre combien la star a bouleversé leur hubris qui, pour s’exprimer, pousse des cris d’orfraie ci et là en signe de protestation, d’indignation. Une indignation stérile, fade et surtout puante, à l’instar de celle de l’ex maire de New-York, Rudolph Giuliani : “J’ai trouvé scandaleux qu’elle utilise cette plateforme pour attaquer les officiers de police. Ce sont les personnes qui la protègent, nous protègent et nous permettent de rester en vie”, a-t-il souligné, avant de lancer : “C’est du football, pas Hollywood“.

C’est vrai qu’en attaquant les officiers de Police avec de gros calibres et à balles réelles, Beyoncé a ainsi privé leurs familles respectives, qui d’un père, qui d’un époux, qui d’un frère, qui d’un cousin etc…

On lui dit faire allégeance aux Black Panthers. And so what ! C’est aussi vrai que les Blacks Panthers sont nés de l’égalité dont jouissaient et continuent de jouir tous les citoyens devant la loi aux États-Unis comme ailleurs dans ces “démocraties” parangons des vertus. Et comme on s’y attend logiquement avec les marchands de la haine, un appel au boycott de la star avait été lancé…et visiblement, aurait fait, comme dirait un président de la France,:Pschiiiiit !

A se demander pour qui parle le «Nous» de Rudolph Giuliani et de ses affidés dans leur priapisme à l’indignation dès lors qu’on leur montre le miroir. Vers quoi ou qui renvoie ce “Nous” ? Comme tout habile hypocrite et indigné à géométrie variable, il prend le soin d’inclure la concernée dans son propos, pour donner du sens à des calembredaines. Le “Nous” concerne-t-il Michael Brown à Ferguson et/ou Eric Gardner à New York ? Pour ne citer que ces deux cas. Le « Nous » concerne-t-il ces Noirs cueillis par des balles des policiers blancs qui eux, s’en sortent toujours à bon compte ? Et pour lesquels l’indignation de Rudolph Giuliani & Co ne se fait entendre que, lorsqu’on leur montre leur vrai visage ?

On a du coup envie de conclure en fredonnant à Rudolph Giuliani & Co et leurs adeptes disséminés un peu partout, cette belle chanson de Barry White (Et non Barry Black Lol…) au titre combien intéressant de : Practice What You Preach.

 

 

Jean-Jacques Dikongué

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