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Inna Modja, déroutante et envoûtante au Visa for Music.

Elle était aussi médusée face à la ferveur du public que l’était le public face à sa prestation. Et de lui témoigner sa gratitude en pleine prestation en ces termes : « Merci Rabat, merci public, je me sens comme chez moi ici… ». Pour la dernière soirée du Visa for Music, Inna Modja a livré une copie quasi parfaite. Une époustouflante prestation dans laquelle, elle a visuellement et vocalement présenté son troisième album Motel Bamako.

Autant dire que la partie n’était pas gagnée d’avance pour la malienne. Tout n’était pas évident pour l’auteur de Tombouctou. Les désagréments avec la guitare et le ngoni lors de ses balances, étaient de nature à laisser s’installer le doute. Mais à aucun moment, la belle n’a perdu ses moyens, restant plutôt concentrée sur son sujet. Ce qu’elle prouvera quelques heures plus tard sur la scène devant une salle bondée.

Au regard de la programmation, et après avoir vu les prestations des groupes passés avant elle, cette question traverse les esprits : Comment va-t-elle arriver à éclipser des esprits, ou au mieux, ne serait-ce qu’approcher dans la performance, ce que venaient successivement d’offrir au public le groupe Jokko et Ba Cissoko. Ce mélange loupes électro couplés aux accents des guitares mandingues ou du ngoni et du chant bambara avec un clavier et des machines séduira-t-il ?

©Tribune2lartiste/Inna Modja

 

C’était vraiment sans compter sur la maturité et l’ouverture d’esprit du public marocain d’un coté, et surtout sur la science scénique de la malienne de l’autre. De ses textes engagés en bambara ou en une autre langue qu’elle agrémente de quelques touches aux machines (la sienne comme celles de son claviériste) Inna a envouté le public et l’a soumis à sa grâce. Volontaire et généreuse dans l’effort, accompagnée par un Seyba Sissoko survolté, elle a conquis les chœurs et les cœurs des spectateurs. Elle a performé et a su faire accepter une proposition musicale qui, à priori, n’allait pas de soi au regard des précédentes et de la suivante.

Partie avec le désavantage d’avoir une formation moins étoffée en personnes (3 sur scène), programmée après deux formations qui en envoyaient, Inna Modja a montré toute sa science de la scène et mis sens dessus-dessous, le théâtre national Mohammed V. A l’image des showmen américains (Lucky Peterson…), elle a traversé le public, dansé et chanté avec lui. Une ambiance de folie !!!

Jean-Jacques Dikongué

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