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Calypso Rose, l’art de la gestuelle au service d’une cause noble.

Si votre première rencontre avec Calypso Rose se fait par le biais de la scène, alors il est fort à parier qu’elle risquerait, si vous êtes de la race de ceux qui morigènent à tout va, des vitupérateurs convulsifs, de vous choquer. Et c’est bien ainsi !

Il  y aurait de forte chance de ne voir en cette octogénaire, qu’une amuseuse de galerie, une metteuse d’ambiance. De ne voir et de ne retenir d’elle, qu’une mamie qui fait de la résistance sur scène. Car il faut le souligner, pour divertir son public, elle sait vraiment s’y prendre. Ses coups de reins rendraient jalouses les jeunes filles et séduiraient à coup sûr, les mâles en rut. Après tout, il s’agit bien de l’entertainment et le calypso en tant que genre musical et/ou danse, s’y prête aussi à merveille pour la circonstance. Et dans ce cas, Calypso Rose aura une fois de plus, montré toute sa finesse, son intelligence et son sens poussé de l’espièglerie.

Ce serait, disions-nous, se contenter de la coque de la noix de coco, sans chercher à goûter au fruit, que de ne voir en cette brave dame, qu’une artiste sans profondeur. En effet, c’est justement dans cette apparente mais réelle légèreté affichée qu’elle a réussi à vous balader, à vous distraire et à nous confondre à notre triste légèreté d’esprit et d’analyse. Pendant qu’elle montre le soleil, le vil peuple contemple le doigt. Alors qu’elle nous exhorte à lire et à voir bien plus loin que ce que renvoie sa gestuelle scénique, on ne peut plus suggestive. Car à l’image d’une Joséphine Baker, derrière le “folklore scénique” affiché et assumé de Linda McArtha Monica Sandy-Lewis de son vrai nom, se dissimule une vraie combattante. Une farouche énergie au service des causes nobles, telle la sempiternelle question de l’égalité et du respect de la femme dans les sociétés phallocratiques, patrilinéaires et patriarcales telles que les sociétés occidentales les ont imposées partout, avec les travers qui leur sont consubstantiels.

Calypso Rose/@Tribune2lArtiste

Pendant que sa gestuelle scénique égare quiconque est porté par l’enjaillement; par la puissance et la percussion de ses textes, elle enchaîne et fait chalouper des uppercuts incisifs et dévastateurs, armes de son combat. Sa gestuelle devient un style à l’image de ce que faisait un certain Mohammed Ali pour ne citer que lui. Pour mieux appréhender Calypso Rose, il vaut mieux aller du coté des messages que portent ses chansons. Son calypso à elle devient des balles tirées avec une précision imparable. Sa détermination à faire tomber les résistances des maux qu’elle dénonce bien ciblée, alors sa gestuelle devient cette fresque qui encadre la furie de ses mots.

Si son combat s’inspire de son expérience personnelle, il puise davantage sa raison d’être dans la lecture que lui offre la société dans laquelle elle vit. Une société qui ne donne pas sa place à la femme et qui l’assimile et l’assigne au rang de faire-valoir. Héritage, disions-nous plus haut, d’une patrilinéarité se voulant et s’étant autoproclamée exemplaire, loin des obscurantismes qu’elle porte pourtant, mais qu’elle sait aller lire et montrer du doigt chez les autres.

Indiscutablement et à juste titre intronisée reine du calypso, elle a conquis les cœurs. Nous souhaitons lui dire  Respect Madame !  Et aussi affirmer notre oui massif à son No Madame; tout en y associant nos vœux les meilleurs pour ces 81 printemps qu’elle portera le 27 avril. Vivement sur scène pour nous donner du plaisir si elle en a encore la volonté et l’énergie. Bien plus qu’une diva (mot  galvaudé et attribué à tort et  travers), Calypso Rose est un modèle, une référence.

Pour plus d’informations, visitez son site internet : http://www.calypso-rose.com/index.html

Jean-Jacques Dikongué

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