Chroniques

Ahmad Jamal encense Marseille dans “Marseille”.

Comment ne pas sombrer sous le charme après un si vibrant hommage ? Un hommage en trois temps. Un temps instrumental qui coïncide avec l’ouverture de l’album et une immersion dans l’univers de l’objet sublimé. Ensuite, deux autres temps dits avec deux voix différentes, subtilement accompagnées, délicatement encadrées par un jeu soyeux et enivrant au piano. C’est l’histoire de la relation d’un musicien, d’un génie du piano avec une ville. Celle du legs d’Ahmad Jamal à la ville de Marseille en particulier et à la France de manière générale.

Encore un album du prestidigitateur, de celui dont le très facile Miles Davis osait avouer, qu’il était sa muse : “Ahmad Jamal est mon inspiration “. Le propos vaut son pesant de notes et informe davantage sur qui est le musicien Ahmad Jamal, surnommé le prestidigitateur, le génie de Pittsburgh.

L’ancien compagnon de route de feu Dr Yusef Lateef pose dans l’album Marseille, nouveau joyau dans sa longue et riche collection, un regard ensoleillé et vivifiant, souffle un air audacieux à sa musique, en y invitant le rappeur Abd-Al-Malik pour célébrer la capitale du Sud, qui y est personnifiée. De cette collaboration qui met en exergue les différentes possibilités qu’offre le jazz (la musique classique américaine, autrement dit la musique afro-américaine pour reprendre les mots d’Ahmad Jamal), il faut juste y lire et voir la sublimation de la musique, lorsque celle-ci est abordée par un exégète. Toute autre interprétation ou lecture est superflue pour la musique.

©Tribune2lartiste/Ahmad-Jamal

 

Une collaboration qui rentre dans l’ordre des choses, lorsqu’il s’est agi d’inviter Mina Agossi (qui par ailleurs a fait la traduction des paroles de Marseille) chanteuse de jazz; mais une collaboration avec une coloration et une saveur apaisantes, Une interprétation qui pousse au rêve pour fermer l’album. Deux collaborations qui disent avec le même écho : Marseille, ta voix ne cesse de m’appeler. Marseille, Marseille, ville d’éternité.

Cette ode à la ville de Marseille sous 3 teintures, ne saurait faire oublier les 5 autres pistes qui composent cet écrin, dont l’impressionnante relecture et appropriation d’Autumn Leaves (les feuilles mortes de Joseph kosmas). Ou Pots en verre, dans lequel, ses compagnons de route, chacun dans son instrument, y colore majestueusement des instants inoubliables. Du batteur Herlin Riley, au contrebassiste James Cammack en passant par l’incontournable Manolo Badrena aux percussions, la symbiose flirte carrément avec la perfection.

Oui, lorsqu’on a écouté Marseille, on ne peut que répondre favorablement à l’appel, à l’invitation suggérée. Un coup de maitre par un musicien aux multiples facettes pour une ville qui en dispose autant. Encore un véritable éclair de luminosité envoyé par un monument vivant. Il suffira d’aller le vérifier les 12 & 13 juin prochain à l’Opéra de Marseille, dans le cadre de Marseille Jazz des 5 continents.

En écoute: “Sometimes I feel like a Motherless Child “

Jean-Jacques Dikongué

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