Chroniques

Comme si on y était, “Freedom Jazz Dance – The Bootleg series Vol.5”, le dernier CD avec des inédits de Miles Davis, un témoignage in vivo du processus de création.

A l’occasion des 50 ans de la sortie de l’album Miles Smiles, second album du deuxième grand quintet de Miles Davis, Sony Music Entertainment édite un triple CD des enregistrements live et les séances studio des trois albums: Miles Smiles, Nefertiti et Water Babies, enregistrés entre 1966-1968.

Déjà quatre autres albums Bootleg ont été publiés depuis 2011, mais cette nouvelle édition diffère des précédentes, en présentant en plus des enregistrements des spectacles, les prises et les enregistrements en studio.

L’album s’ouvre ainsi à un public plus large que les aficionados de Miles, à tous les intéressés du processus de création.

La première piste «Freedom Jazz Dance (Session Reel)» de 23 minutes 13 secondes donne la tonalité, Ron Carter, le contrebassiste, cherche avec difficulté sa ligne, aidé par Miles et Teo Macero le producteur.

Cet album rend humain le trompettiste, qui du fait de sa grande notoriété est devenu synonyme de créateur de génie inaccessible et bourreau à l’égard de ses musiciens.

Mais dans «Gingerbread Boy (Session Reel)» on entend les différents essais de phrases à la trompette, doutant comme tout musicien. On assiste à un leader qui avec doigté aide les quatre autres musiciens à trouver le bon tempo ou à signaler les faux départs dans «Nefertiti (Session Reel)».

L’ambiance est, la bonne humeur, on parle de champagne, de hamburger. L’humour est de rigueur, et les moqueries ne font pas perdre de vue aux musiciens et aux ingénieurs du son que tout ce monde est là dans l’intérêt de la musique.

Tout musicien se rappellera, à l’écoute de la dizaine des pistes Session Reel, du climat particulier qui règne dans toute formation musicale : discussions, prises de position sur les pistes à garder ou pas…

Un témoignage à découvrir où chacun y trouvera de l’intérêt en fonction de son degré de passion de Davis : des lives inédits pour certains, un exemple de management pour d’autres, mais pour tous, un témoignage humain de celui que l’on a coutume d’appeler le prince du silence.

A noter pour parfaire l’écoute de cet album, le travail de Peter Losin, le conférencier du Maryland passionné de Miles qui en anglais a noté les dialogues de l’album : http://www.plosin.com/milesahead/Disco.aspx?id=BootlegFJD

Line Up : Miles Davis : trompette – Wayne Shorter :  saxophone ténor – Herbie Hancock : piano – Ron Carter : contrebasse –Tony Williams : batterie.

En écoute : ”Gingerbread Boy (Session Reel)”.

Jean-Constantin Colletto

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