Visa For Music, des chiffres éloquents.

Les dernières notes de musiques ont retenti très tôt dans la journée du 15 à “Le Grand Comptoir “, après que les professionnels, en fin de journée du 14, avaient débarrassé et rangé les stands du côté du théâtre National Mohammed V. Le Visa For Music (VFM) 2015 prenait ainsi congé de ses invités tout en leur donnant rendez-vous en 2016.

Il n’en est qu’à sa deuxième édition; pourtant, l’exigence de professionnalisme et de qualité qui l’entoure, peuvent faire oublier qu’il est encore à son stade embryonnaire, donc perfectible, et lui attirer de virulentes critiques comme on le ferait pour des événements rompus à l’exercice.

Pour cette deuxième édition, nous le soulignions, le Visa For Music se positionne de plus en plus sur le continent comme l’événement majeur de la musique. Véritable carrefour (à l’image de la situation géographique du pays) des rencontres entre les différents acteurs du secteur de la musique, le VFM 2015, nous le soulignions déjà, est comme programmé pour réussir. Et les chiffres que vient de communiquer Brahim El Mazned, organisateur de Visa For Music, montre l’engouement que suscite cette plateforme et prouve plus que jamais, que l’Afrique avait besoin d’un tel outil, pour enfin amorcer un marché de la musique qui jusqu’à lors inexistant. Mais aussi paradoxale et bizarre que cela puisse paraitre, cette inexistence de marché profite aux intérêts venus d’ailleurs.

©Tribune2lartiste/ au Micro Brahim Mazned
©Tribune2lartiste/Brahim Mazned

 

Ne soyons ni dupes, ni naïfs. Interrogeant en aparté Brahim El Mazned qui, lors d’une interview avait souligné l’importance d’une société de gestion collective (la Sacem, pour ne pas la nommer) comme partenaire déterminant pour Visa For Music, il rappelait un fait : “La Sacem joue un rôle important encore pour la collecte à l’ endroit des artistes africains. Nous ne sommes pas encore dans nos pays, dotes d’instruments pour le faire, comme le fait la Sacem ». C’est dire combien le chantier pour que l’artiste-musicien africain puisse enfin être servi par des intérêts africains reste gigantesque. Et aussi belle que soit la carte produite par VFM, il y a encore du chemin.

Si les chiffres (12.000 spectateurs – 2.000 professionnels – 360 artistes -100 exposants- 80 stands – 60 pays représentés – 100 journalistes accrédités – 5 films projetés – 4 ateliers de formation) avancés par l’organisateur sont assez élogieux et éloquents tout en décrivant le dynamisme dont fait montre Visa For Music ; ils ne doivent en aucun moment être une invitation à l’occultation de certains faits, susceptibles de ternir l’image de marque d’un événement et/ou d’un pays qui ambitionne d’être le centre de la représentation de la culture du continent.

Il nous a été parfois douloureux de supporter une certaine forme d’incivisme de certains spectateurs (hôtes) lors des prestations des artistes. Le chahut qu’ils produisaient, lorsqu’ils n’obstruaient pas la vue aux autres spectateurs étaient tout simplement indigeste. Plus grave encore, de voir la salle se vider lorsqu’il ne s’agissait pas d’un artiste local ou arabisant…cela a été vraiment un triste spectacle. Car le but de ces showcases est de favoriser les découvertes d’horizons divers. Que l’on n’aime ou pas, cela ne souffre pas de discussion. Mais déserter la salle sous le prétexte que, et revenir 45 minutes après lorsque un artiste du Maroc, d’Algérie ou de Tunisie se produit…c’est vraiment un réel manque d’élégance. Heureusement, il y avait toujours quelques bonnes âmes qui ont compris le but d’une telle aventure musicale et ont su apporter leurs soutiens à tous les artistes d’où qu’ils viennent. Vivement le VFM 2016 !