Il s’appelait Lapiro de Mbanga !

Cyrille Ekwalla|Njanguipress.com

lapiroLapiro de Mbanga est mort ! Le Cameroun vient de perdre un de ses valeureux fils, indiscutable patriote, un homme épris de justice sociale et d’équité, porte-voix des laissés-pour-compte d’un système étatique et gouvernemental, dont il n’a eu cesse, via la chanson, de dénoncer les abus. À 57 ans, Lapiro de Mbanga est décédé ce jour du 16 Mars 2014 des suites d’un cancer selon les informations recueillies auprès de ses proches. Interné de puis quelques semaines au Roswell Park Cancer Intitute (affillié à l’université de Buffalo, dans l’état de New York). Tristesse et désolation sont les sentiments qui dominent chez ses nombreux admirateurs.

Bonheur et espoir

Artiste engagé ? Lapiro de Mbanga était plus que cela. ou plus exactement, il avait “dépassé” ce statut pour endosser celui d’un acteur social de premier plan dans ce Cameroun qu’il chérissait tant. Autour des années 90, un documentaire ayant pour thème ” Culture et politique en Afrique” le citait comme l’un des artistes africains les plus engagés politiquement en Afrique. Dans cette short-list, Ndinga Man côtoyait alors l’ivoirien Alpha Blondy, l’algérien Lounes Matoub et le sud-africain Lucky Dube.

Depuis ses débuts en 1985, Lapiro de Mbanga n’aura pas dérogé de sa “raison de vivre ” : combattre, via la chanson, le régime en place au Cameroun depuis 1982. Avec un rythme urbain nouveau, alliant sonorités funky au makossa, des textes cinglants en pidgin, évoquant une réalité sociale et politique sans fard; un look vestimentaire original : jeans “destroy”, tee-shirts… tout ceci aura tôt fait de Lapiro la voix des “sauveteurs”, des miséreux, des débrouillards, sans perspective aucune. Ces camerounais, souvent diplômés d’ailleurs qui pullulent dans le secteur informel au Cameroun. Lapiro de mbanga leur apportera bonheur et espoir.

Désillusion et Renaissance

Combattant de la liberté, critique radical du système Biya, l’auteur de ” No make erreur “, ” Mimba wi”, ” Surface de réparation “, ” Fogo Mawo “, mais aussi ” Constitution constipée” savait aussi que le régime qu’il combattait utiliserait tous les moyens – et ce sans vergogne – pour le mettre hors d’état de nuire. Accusé de “flirter ” avec le pouvoir lors des années de braise (1991-1192), Lapiro de Mbanga crie à la manipulation, lorsque le public et les nombreux jeunes qui le soutenaient crient à la trahison. Lapiro de Mbanga perdra tout l’espoir qui avait été placé en lui par le public, et se verra abandonné par une partie de ses ” co-combattants de l’opposition “. Le descente dans les limbes de l’oubli se fera inéluctable jusqu’en 2008.

En 2008, Lapiro de Mbanga sera accusé de ” pillage en bande, attroupement et obstacle sur la voie publique “. La mascarade judiciaire qui fera office de procès amènera Lapiro de Mbanga à subie une peine d’emprisonnement de 3 ans. Il en sortira le 24 septembre 2011 et s’envolera aux Etats-Unis où il a obtenu l’asile politique. C’est à Buffalo que Ndinga Man devenu Ngata Man décèdera, laissant 5 enfants et un combat inachevé.

Ci-dessous, sa dernière intervention publique dans la sphère socio-politique. Lapiro de Mbanga était l’un des speakers à la Oslo Freedom Forum, une conférence internationale sur les droits humains où se retrouvent d’anciens Chefs d’Etat, des lauréats du Prix Nobel de la paix, des prisonniers de conscience ( ou politiques) pour échanger et discuter à travers les expériences diverses.. C’était à Oslo en 2013

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