Ahmad Jamal, Chucho Valdes,Yusef Lateef comme un air d’histoire du jazz sur Vienne

Ahmad Jamal, Chucho Valdes,Yusef Lateef comme un air d’histoire de la musique sur le théâtre Antique du festival de jazz à Vienne…

Ahmad Jamal (83 ans), Yusef Lateef (93 ans) Chucho Valdes (72 ans)…Trois grands témoins-acteurs de l’histoire de la musique qui se sont  produits hier soir au Théâtre Antique du Festival de Jazz à Vienne. Comme si l’histoire du jazz et ses multiples déclinaisons prenait rendez-vous en ce 10 juillet 2013 au théâtre de l’Antique à Vienne pour ajouter quelques lignes dans ses pages par l’entremise de ces légendes vivantes.

Ahmad Jamal invite Yusef Lateef, complicité entre  spiritualité et tonicité.

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Le temps passe, avec lui ses multiples changements, voulus ou non. Mais Ahmad Jamal et Yusef Lateef semblent musicalement survoler celui-ci, ignorant le coté pervers de ses changements, en préservant qualité, beauté, efficacité et créativité avec une autorité certaine. Ce qu’ils, une fois de plus, ont prouvé hier soir en investissant la scène du théâtre de l’Antique en gratifiant le public d’un spectacle d’une grosse intensité.

Invité de la dernière minute pour cause de défection (maladie) de Sonny Rollins, Ahmad Jamal a tenu à partager l’aventure avec le guru John Coltrane, le professeur Yusef Lateef. Une complémentarité sur scène qui se traduit par un mélange de spiritualité qu’apporte Yusef à la tonicité de Jamal.

Ahmad Jamal et Yusef Lateef

Du haut de ses 93 ans, la nonchalance affichée du professeur Yusef Lateef contraste avec son agilité et sa virtuosité musicales une fois au contact de ses instruments dont son saxophone. Invité à rejoindre sur scène lors du second set, le tonique et virevoltant  pianiste Ahmad Jamal, le prof insuffle une sorte de quiétude au tempo soutenu que venait d’imprimer son hôte, par les différentes sonorités qu’il élabore à partir de son arsenal.

Chucho Valdes béni des cieux…

La forte averse qui s’est abattue hier dans l’agglomération de Vienne pendant qu’Ahmad Jamal et Yusef Lateef s’acheminaient vers la fin de leur prestation, contraignant à un arrêt de tout, n’augurait en rien de belle perspective pour la suite de l’événement, au contraire ! Oui, mais les dieux de la musique n’étaient certainement pas de cet avis et, après une interruption de ¾ d’heure environ, le ciel entendait raison, donnant satisfaction aux indéboulonnables et irréductibles aficionados qui,  avec un courage à toute épreuve, ont bravé cette insolence de cette invitée venue perturber la fiesta.

Buika-Chucho_v1

Un ciel qui se montrait de plus en plus attendrissant et clément et à mesure que el maestro Chucho, de ses doigts d’or et en or orchestrait l’ensemble tandis que de sa puissance vocale, Concha Buika émerveillait anges et spectateurs. 1h30 durant lesquelles le pianiste cubain s’est montré à la hauteur de sa réputation.  Geste de générosité et aussi acte de reconnaissance d’un talent hors pair, en ouvrant son plateau à Buika (Maria Concepción Balboa Buika), Chucho Valdes a permis aux milliers de spectateurs de découvrir une merveille.
Si vous ne connaissez pas Buika, alors permettez ce détournement de citation pour vous inciter à aller à sa rencontre: “Quién no ha visto o escuchado Buika, no ha visto, no ha visto maravilla ! “. Buika ne se raconte pas, elle se vit, elle se savoure…Et les nombreux spectateurs ont pu apprécier cette équato-guinéenne d’origine dans toute sa splendeur et sa puissance. La locution “avoir du coffre” prend tout son sens avec cette chanteuse.

Nul doute, la soirée du 10 juillet au festival de jazz a Vienne est a considérer comme une lecture, une visite d’une partie de l’histoire de la musique par le truchement de ces grands messieurs.